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The Pan African Music Magazine
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Ave Bebey, tes enfants te saluent #2 : Toups Bebey

Cette semaine, trois des enfants de Francis Bebey évoquent un titre ou un album de feu leur père. Aujourd’hui, c’est le tour de Toups – musicien comme Francis. Il nous envoie « Tumu Pakara : le concept de la gifle affirmativement positive »

Ce son de basse
Ce phrasé si particulier
L’introduction du morceau par une, puis une deuxième sanza

L’ambiance générale du morceau qui peut faire penser à tant d’enregistrements réalisés par « [son] ami Duvelle » ; Charles Duvelle, l’homme à qui je dois d’avoir enfant voyagé dans ma tête dans le monde entier. (L’ethnomusicologue aux milliers d’enregistrements, co-fondateur du label OCORA ne pouvait qu’être ami avec l’auteur du premier ouvrage de référence sur les musiques du continent africain. D’autant qu’ils partageaient tous les deux la même passion pour J.S. Bach. Merci Charles pour les gamelans de Java ! Et Merci en passant également à Alain Damasio d’avoir su parler de et compter avec cette musique, magnifique moment d’apaisement et d’ouverture d’esprit dans ses « Furtifs »… mais je pense qu’il va être temps de fermer cette parenthèse).

Cette puissante « douleur majestueuse » comme dirait l’autre Charles
Cette puissance
La voix entre en scène
Bizarre, j’en entends deux
Chant diphonique, version technique ancestrale
Cette sensation d’étrange et d’impalpable

Peut-être bien que l’accord est à 432Hz, comme toutes les musiques destinées à faire du bien à la nature – aux mammifères, aux plantes… et accessoirement, à chasser le désordre en l’être humain ? L’entrée de la trouble double voix éraillée me fait dérailler : est-ce bien raisonnable de convoquer les esprits d’une façon aussi impérieuse ?

Francis Bebey – Tumu Pakara

Le morceau s’écoule. Il avance. Il déroule un groove implacable, fait de trois fois rien – dans mon souvenir, et il n’est pas question de réécouter, ce serait trop simple, l’instrumentation est rudimentaire –, mais que rien ne pourra empêcher. Il groove méchamment, dans le sens du « Bad » des Américains et du « trop bien » de nos gamins…

Tumu Pakara était un mendiant aveugle. Plutôt âgé. Il avait son spot bien déterminé dans ce lieu de passage stratégique, et il chantait pour gagner sa vie, a capella ou presque secouant les pièces récoltées en guise de sistre. Sans rythme, pas de musique…

C’est un hommage de Francis à son souvenir d’enfance. Un Francis qui n’aura jamais coupé ses liens avec l’enfance comme en témoigne son dernier roman – et dernier prix littéraire L’Enfant Pluie.

Un Francis qui n’aura jamais coupé ses liens avec qui que ce soit ici-bas. C’est une évidence parfaitement bien expliquée entre autres par Michio Kaku (l’astrophysicien américain d’origine japonaise) par la physique quantique, quand le poète vétérinaire Birago Diop arrivait bien avant lui à la même conclusion : une bonne fois pour toutes, « les morts ne sont pas morts ».  

« Tumu Pakara » est un souvenir de ma post-adolescence, paru dans l’album « Sanza Nocturne ». Un effet de surprise intégral, du genre de celui que j’aurais à nouveau plus tard avec la parution de l’album Lambaréné Schweitzer.

Comparable aux gifles administrées par Lino Ventura dans « Ne Nous Fâchons Pas », pour l’effet de sidération. L’erreur n’étant pas de tendre l’autre oreille.

Comparable surtout aux dernières images ensoleillées à l’extrême du film de Souleymane Cissé Yeelen / La Lumière pour la sensation du guidage en toute confiance et la confirmation du simple constat du poète : « D’où que tu viennes, c’est de là que tu viens ». Francis a toujours eu une fascination, une admiration et un profond respect pour le soleil, seul dieu de l’Égypte antique…    

« Tumu Pakara » fut initialiement publié sur l’album Sanza Nocturne en 1984
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